40 ans après sa disparition, un retour nostalgique sur l'impressionnant parcours et l'arrêt brutal de la carrière de Gilles Villeneuve.
Au Grand Prix des États-Unis en 1979, disputé dans les rues de Long Beach, en Californie, il a inscrit le premier et seul grand chelem de sa carrière en Formule 1, qui consiste à réaliser la position de tête, le tour le plus rapide en course et à mener tous les tours jusqu’au baisser de rideau.
Si on m’avait demandé un jour de réaliser trois vœux, ils auraient été de gagner ma vie en course automobile, d’accéder à la Formule 1 et de piloter une Ferrari.
Nous avons gagné uniquement grâce au talent de Gilles et rien d’autre. Je l’aime comme il est avec cette combativité hors du commun et cette volonté de prendre des risques à tout moment.
Gilles Villeneuve a remporté six victoires en F1 dont la première, mémorable, a été obtenue devant son public à Montréal, le 8 octobre 1978. Ont suivi, trois succès l’année suivante, en Afrique du Sud (circuit de Kyalami) et deux aux États-Unis, à Long Beach (Californie) et à Watkins Glen, dans l’état de New York. Ses deux dernières ont été inscrites de façon consécutive en 1981, à Monaco et à Jarama, en Espagne.
Il est un peu fou, mais c’est un phénomène. Il est capable d’accomplir des choses que personne d’autre ne pourrait faire.
Un excentrique dans le bon sens du mot.
On s’est touchés sept ou huit fois à Dijon. Ce duel mémorable ne pouvait avoir lieu qu’entre Gilles et moi.
À part ses six victoires, il a accédé au podium à sept autres occasions dont la dernière fois à Imola (2e) en 1982. Il est monté sur la tribune d’honneur sur le circuit qui porte son nom aujourd’hui à l’Île-Notre-Dame en 1979 (2e place) et en 1981 (3e).
À fond tout le temps, il ne savait pas faire autrement.
Je ne me suis jamais imaginé le pilote de F1 comme un étant superman avec des tas de femmes autour, des victoires et de la notoriété.
Ce qui l’intéressait, c’est de rouler vite sur un tour, pas de gérer obligatoirement un championnat.
Gilles m’a déjà dit qu’il caressait ce rêve de participer aux 24 Heures du Mans avec son fils. Ils auraient formé une équipe redoutable.
Il était le pilote le plus rapide de sa génération. Pour lui, il n’y avait que la victoire qui comptait. Il était pratiquement à la limite de la folie.
C’est le numéro qu’il a porté pendant les deux dernières années de son parcours en F1, en 1981 et 1982.
S’il n’a pas toujours bénéficié d’une voiture compétitive, il réussissait malgré tout à obtenir de bons résultats.
Le fondement de sa vie, c’était le spectacle et le panache. Ce n’est pas quelqu’un qui connaissait le mot modération.
Je sais que je suis impétueux et brusque par moments. C’est ma façon d’être. Si j’avais hésité à attaquer un virage à fond, je n’aurais pas été Gilles Villeneuve.
Qu’il soit premier ou 15e, il ne levait jamais le pied car ce n’était pas dans sa mentalité. Il pouvait détenir une avance insurmontable et ne jamais vouloir ralentir.
C’est le nombre de départs à vie de Gilles Villeneuve en F1 de 1977 à 1982. Un seul n’a pas effectué à bord d’une Ferrari, c’était au Grand Prix d’Angleterre, à Silverstone, lors de son baptême de la F1, le 16 juillet 1977 au volant d’une McLaren.
Les risques font partie de la course, si vous craignez de vous faire mal un jour, aussi bien accrocher votre casque.
Un secouriste tente de réanimer Gilles Villeneuve suite à son accident durant les qualifications du Grand Prix de Belgique, sur le circuit de Zolder. Photo AFP, TF1
À mon arrivée à l’hôpital en Belgique, je savais qu’il n’y avait plus rien à faire, malgré les efforts soutenus des médecins. J’ai été évidemment bouleversée. Je venais de perdre mon meilleur ami.
Son décès m’a profondément attristé. On savait qu’il prenait des risques énormes, mais on le croyait immortel.
Funérailles de Gilles Villeneuve le 12 mai 1982. Photo archives Journal de Montréal
Des milliers de Québécois s’étaient réunis à Berthierville afin de rendre un ultime hommage à leur héros de Formule 1. Photo archives Journal de Montréal
René Lévesque, premier ministre du Québec, parmi la foule à Berthierville. Photo Normand Jolicoeur, archives Journal de Montréal
Pierre Elliot Trudeau, premier ministre du Canada aux côtés de Jacques, fils du pilote. Photo Pierre-Yvon Pelletier, archives Journal de Montréal
Funérailles de Gilles Villeneuve à l’église Sainte-Geneviève-de-Berthier, à Berthierville, le 12 mai 1982. Photo archives Journal de Montréal
Gilles était un être rare, une étoile filante qui n’a jamais cessé d’illuminer ma vie et celle de beaucoup d’autres.
C’est le nombre de tours qu’il a menés au cours de sa carrière en F1. Au Grand Prix du Canada, il a dominé le peloton à deux reprises, soit en 1978 (21 tours), en route vers sa première victoire, et l’année suivante (50) où il s’est classé deuxième, à peine une seconde derrière le vainqueur, l’Australien Alan Jones. Au total, Villeneuve a occupé le premier rang lors de 18 Grands Prix entre 1978 et 1982.
Si l’argent disparaissait du jour au lendemain, je continuerais à faire de la course parce c’est ma passion et ma raison de vivre.
L'inscription peinte sur la grille de départ du Circuit Gilles Villeneuve. Photo Maria Azzurra Mugnai, Creative Commons