Un tank

Depuis que la Russie a lancé l’offensive
sur l’Ukraine il y a un an, des experts
militaires, des historiens et des diplomates
craignent une troisième guerre mondiale.

IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique
Des militaires

Et cette fois, le Canada pourrait bien être
plus proche de la ligne de front que jamais,
en Arctique, où la Russie multiplie les bases
militaires lourdement armées.

IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique
Une base canadienne

En face, notre côté du pôle est quasi désert et très peu surveillé.
Nos technologies de surveillance, qu’il s’agisse de radars ou de satellites, sont vieillissantes et notre marine ne dispose pas de navires et de sous-marins capables de patrouiller le secteur à l’année.

IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique
Entrée du chapitre 1

Territoire désert
et richissime

IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique

L’Arctique canadien représente 40 % du territoire du pays. C’est plus grand que toute l’Inde. Mais seulement 135 000 personnes y vivent, soit moins que dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal.

La présence militaire permanente se résume à 340 soldats et 1600 rangers, des volontaires inuits pour la plupart. En comparaison, 300 000 personnes vivent dans la seule ville de Mourmansk, sur la côte arctique russe.

L’appât du gain attire cependant de plus en plus de monde. Hydrocarbures, terres rares, métaux précieux, poissons... l’Arctique est un territoire richissime et les grandes puissances mondiales jouent du coude pour mettre la main sur ces ressources une fois qu’elles seront libérées des glaces.

Un brise-glace rouge
Ce brise-glace nucléaire russe est le plus grand et le plus puissant du monde. La Russie est le seul pays au monde à posséder une flotte de brise-glaces nucléaires. IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique
Suite du chapitre 1
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VÉRITABLE PASSOIRE

L’Arctique canadien est une passoire. Et c’est un problème, car les changements climatiques rendent ce territoire richissime de plus en plus accessible. Même si les rangers veillent au grain, ils sont de plus en plus seuls face à un monde de plus en plus hostile.

Sergent Evalik
Le sergent Jimmy Evalik est le chef rangers de Cambridge Bay, au Nunavut. IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique

« Nous sommes les yeux, les oreilles et la voix de l’armée canadienne », explique Jimmy Evalik, le chef rangers de Cambridge Bay, une de nos communautés les plus au nord du pays, au Nunavut.

Le nord du Nunavut est plus proche de la Russie que de la capitale du Canada. Tout autour, notre voisin russe a rénové ses bases militaires datant de la guerre froide en plus d’en construire de nouvelles.

Mais autour du sergent Evalik, il n'y a que 1600 autres rangers comme lui, des volontaires à temps partiel, répartis le long de nos 162 000 kilomètres de côtes nordiques. Appuyés de 340 soldats, ils représentent notre seule présence militaire permanente en Arctique.

Extrait du documentaire La Guerre de l’Arctique, FOURNIE PAR VRAI

Nous l’avons rencontré à la pêche en juillet dernier, dans le cadre du tournage du documentaire La Guerre de l’Arctique. Ce projet est né de l’invasion russe en Ukraine, quand nous avons réalisé notre proximité géographique avec l’agresseur.

Chapitre 2

Une frontière
mal définie

IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique

L’Arctique est un des derniers endroits au monde où les frontières sont encore à définir. Et ces frontières sont sous-marines.

Un mini sous-marin russe plaçait en 2007 son drapeau sur le fond marin à 4km du Pôle nord
Un mini sous-marin russe plaçait en 2007 son drapeau sur le fond marin à 4km du Pôle nord. Plusieurs pays, dont le Canada et la Russie, se disputent ce point stratégique de la planète. IMAGE AFP

Pour les établir, les pays nordiques doivent démontrer aux Nations Unies que leur continent se prolonge sous la surface des océans au-delà de 200 miles marins de leur littoral.

Moscou revendique la dorsale de Lomonossov, une chaîne de montagnes océanique qui s’étend sur 1800 km, des îles de la Nouvelle-Sibérie jusqu’au Groenland et à l’île Ellesmere, au Canada.

Ottawa argue qu’une part de cette dorsale lui appartient et que son territoire arctique sous-marin permettrait d’ajouter près de 2 millions de kilomètres carrés à sa superficie territoriale, c’est-à-dire près des trois provinces des Prairies réunies.

Mais les revendications des uns et des autres se chevauchent et chacun réclame des droits d’exploitation exclusifs sur les ressources naturelles du sous-sol du territoire qu’il revendique.

Suite du chapitre 2
IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique

LES FORCES ARMÉES ENTRAINÉES

Lors de notre séjour à Cambridge Bay, le sergent Evalik attendait le début de l’opération Nanook-Nanukput 2022, l’exercice annuel estival des militaires canadiens en Arctique. Les 200 participants arrivaient de plus de 3000 km plus au sud, à Trenton en Ontario, où nous les avons rejoints sur le tarmac de la base militaire.

Extrait du documentaire La Guerre de l’Arctique fourni par Vrai

« C’est important que tout le monde sache que nous avons une présence dans notre Grand Nord. Il y a toujours une possibilité d’invasion étrangère. C’est 100 % possible », indiquait le sergent Joseph Colonel avec conviction, avant d’embarquer dans l’avion militaire.

 

L’OTAN inquiète

Pour la première fois, le secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), Jens Stoltenberg, et le premier ministre Justin Trudeau ont rejoint nos soldats durant l’exercice pour envoyer un message clair : des ombres planent sur la sécurité de l’Arctique.

Le gouvernement en visite
Le secrétaire général de l’OTAN, Jen Stoltenberg (3e en partant de la droite), s’est rendu à Cambridge Bay en août 2022, en compagnie du premier ministre Trudeau, de la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, et de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly. IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique

« Le chemin le plus court vers l’Amérique du Nord pour les missiles russes et les bombardiers seraient au-dessus du pôle Nord », a dit M. Stoltenberg.

Il a expliqué que la Russie utilise ses infrastructures militaires arctiques pour tester ses nouvelles armes, et qu’elle y opère main dans la main avec la Chine.

M. Stoltenberg, qui a prévenu que le partenariat sino-russe menace « nos valeurs et nos intérêts », était clairement venu vérifier ce que le Canada fait pour protéger le front nord-ouest de l’OTAN, d’après Robert Huebert, stratège militaire spécialiste de l’Arctique à l’Université de Calgary.

 

Pas prêt

Or, le Canada ne fait pas grand-chose : « les organisations fédérales responsables de la sûreté et de la sécurité de la région de l’Arctique […] ne sont pas prêtes à réagir aux exigences accrues en matière de surveillance », d’après la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan.

Karen Hogan
La vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, a présenté en novembre un rapport accablant sur la surveillance de l’Arctique. IMAGE ARCHIVES, TIRÉE D’UNE DIFFUSION DE LA CPAC

Dans un rapport accablant publié en novembre, Mme Hogan pressait le gouvernement de se réveiller de toute urgence. Peu après, en décembre, M. Stoltenberg en ajoutait une couche, soulignant à l’antenne de CNN que la Russie continuait de développer ses installations militaires arctiques, malgré ses difficultés sur le front ukrainien.

Entrée de chapitre 3

La Russie,
notre principal
voisin

IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique

À la pointe nord de l’archipel arctique canadien se trouve la base militaire Alert. Cette base est plus proche de la Russie que toutes les grandes villes canadiennes, à seulement trois heures de vol de l’île russe du Prince Rudolf. Une cinquantaine de militaires et de civils y résident à l’année.

En face, depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir en 1999, la Russie a réactivé ses bases militaires datant de la guerre froide et en a construit de nouvelles assorties d’une panoplie de ports en eau profonde.

Une marine exclusivement dédiée à l’Arctique y est stationnée, dont des sous-marins nucléaires capables de lancer les missiles hypersoniques à plus de 2000 km de distance à cinq fois la vitesse du son.

Extrait du documentaire La Guerre de l’Arctique, FOURNIE PAR VRAI

En comparaison, la défense canadienne n’a aucun port en eau profonde en Arctique opérationnel plus d’un mois par an, pas même un brise-glace, et aucune base, à part Alert, dont la principale fonction est d’écouter les Russes.

Anita Anand
PHOTO département de la Défense
des États-Unis

« Alors que des régimes autocratiques menacent les règles internationales qui nous protègent depuis des décennies, et que nos adversaires développent de nouvelles technologies [...], il est urgent de moderniser les installations canadiennes du NORAD. »

Anita Anand — ANITA ANAND
Ministre de la Défense nationale du Canada,
lors d'une conférence de presse le 20 juin 2022

PHOTO département de la Défense des États-Unis
Entrée de chapitre 4

La Chine, pays
« quasi arctique »

IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique

Pour financer ses ambitions arctiques, la Russie s’est associée à un partenaire riche et assoiffé de ressources : la Chine. Celle-ci se définit comme un pays « quasi arctique » et revendique donc sa part des richesses polaires.

Des chaluts de pêche chinois
Des flottes de pêche chinoises opèrent en eaux étrangères avec la protection de la garde côtière chinoise. IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique

Ensemble, les deux alliés construisent des ports, pêchent, exploitent du gaz et des mines, mais aussi entraînent leurs militaires. Des navires de guerre russes et chinois sont même venus narguer la marine américaine l’automne dernier en mer de Béring, au large de l'Alaska.

Pour Pékin, l’Arctique représente un vaste garde-manger et une réserve de gaz et de minéraux qui lui permettra de poursuivre son développement et de construire les véhicules électriques et les armes de demain. Mais c’est aussi un raccourci maritime vers le marché européen.

Entrée de chapitre 5

Les routes
commerciales
du futur

IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique

Le réchauffement planétaire fait fondre la banquise si rapidement que les experts prévoient que l’océan Arctique sera libre de glace en été dès 2050. Ceci permettra aux navires d’y circuler plus facilement en empruntant de nouvelles routes maritimes.

Un brise-glace
Un navire des forces armées canadiennes. IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique

En 2013, un vraquier danois a transité entre le port de Vancouver et celui de Pori, en Finlande, en passant par le passage du Nord-Ouest au milieu de l’archipel arctique canadien pour éviter le canal de Panama. Il a ainsi économisé 80 000 $ américains de carburant et transporté 25 % plus de marchandises.

Le Canada veut réguler le trafic dans le très stratégique passage du Nord-Ouest qu’il revendique comme une mer intérieure.

Le drapeau du canada flottant
Les rangers font flotter le drapeau canadien sur leur campement lors d’un exercice de survie arctique. IMAGE TIRÉE du documentaire La Guerre de l’Arctique

Mais notre principal allié, Washington, s’y oppose, estimant que ce passage est en eau internationale.

Sans se prononcer explicitement sur la souveraineté du passage du Nord-Ouest, la Chine signale clairement qu’elle veut circuler en Arctique pour s’approvisionner en matières premières et exporter ce qu’elle fabrique.

CRÉDITS

Journaliste : Anne-Caroline Desplanques

Design et réalisation  : David Lambert

Intégration web : Cécilia Defer

Infographie et animation  : Gabriel Favreau

Directeur création éditoriale : Charles Trahan

LA GUERRE DE L’ARCTIQUE : LA MENACE À NOS PORTES

Journaliste et co-réalisatrice : Anne Caroline Desplanques

Vidéoreporter et co-réalisatrice : Ninon Pednault

Vidéoreporter : Manu Chataigner

Directrice de la production vidéo : Amélie Paquet

Directeur du Bureau d’enquête : Jean-Louis Fortin

Directrice, développement et production, grands reportages : Ève Lévesque


Bande-annonce du documentaire La Guerre de l’Arctique, FOURNIE PAR VRAI
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