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Lamborghini, Bentley et Mercedes pour le crime organisé

La bâtisse de Lamborghini Montréal aurait été utilisée pour blanchir de l’argent

La bâtisse de Lamborghini Montréal. Photo JOEL LEMAY, AGENCE QMI

La bâtisse de Lamborghini Montréal aurait servi à gérer une compagnie de financement de voitures de luxe pour des membres du crime organisé.

La compagnie en question, Imperial Leasing, aurait financé l’acquisition de voitures auprès d’autres compagnies, dont Location John Scotti à la même adresse, pour les revendre ou les relouer ensuite à un taux d’intérêt plus élevé.

Selon un affidavit d’un policier de l'Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO) qui a mené à une perquisition en février 2021, le Hells Angels Vincent Boulanger aurait été aperçu avec deux individus faisant l’objet d’enquête policière, dont un trafiquant de drogues, dans la cour du concessionnaire en bordure de l’autoroute métropolitaine.

Lors de la perquisition effectuée durant le projet d'enquête «Percuter», les policiers ont saisi une arme dans le bureau du directeur général de Lamborghini Montréal, Pasquale Scotti.

Le concessionnaire automobile Lamborghini Montréal
Pasquale Scotti, PDG de Lamborghini Montréal, est accusé de possession non autorisée et de mauvais entreposage d’une arme à feu. Ce dernier conteste en cour la perquisition menée par les policiers dans l'édifice abritant la concession où l'arme a été découverte. Photo JOEL LEMAY, AGENCE QMI

Il a été accusé de possession non autorisée et de mauvais entreposage d’une arme à feu. Selon les policiers, Scotti était l’actionnaire d’Imperial Leasing, une firme «qui gère ses activités à partir du commerce Lamborghini Montréal».

« Le modèle d’affaire de la compagnie Imperial Leasing est qu’ils financent des individus ne se qualifiant pas au crédit pour l’achat ou la location d’un véhicule et qui majoritairement désirent payer comptant », allègue le policier dans l’affidavit.

Imperial aurait généré 100 000$ de profits par mois et aurait servi une clientèle de «gars qui sont dans la business de la rue», selon une conversation rapportée dans l’affidavit. «Ils utilisent l’intimidation et la violence pour collecter les mauvais payeurs et ceux qui volent la compagnie», soutient le policier.

Imperial Leasing et une autre entreprise du nom d’Imperial Motors auraient été financées par Seeyomak Salemi Seyfeddin, selon les allégations.

Ce dernier, surnommé «Le Perse» dans le monde interlope, est décrit par le ministère public comme un des dirigeants d’un réseau de trafic de stupéfiants.

Seyfeddin aurait mentionné à un interlocuteur avoir besoin de 1 000 000 $ en argent comptant pour financer un inventaire automobile et de 300 000 $ pour le roulement d’une concession automobile.

Un fonds de roulement aurait même été prévu au cas où des clients allaient en prison ou n’arrivaient plus à payer et qu’il fallait les remplacer, selon des propos rapportés dans l’affidavit.

Calibre .22

Lors de la perquisition en février 2021, la police a saisi une carabine à levier de calibre .22, de marque Henry Repeating Arms, modèle Golden Boy.

Carabine Golden Boy

M. Scotti a réclamé en mars que soient exclus des éléments de preuve et que la perquisition soit déclarée illégale, estimant notamment qu’elle violait son droit à la vie privée.

Mais des documents pertinents à l’enquête auraient été retrouvés dans son bureau même, selon le ministère. De plus, l’arme à feu se trouvait dans un étui souple en tissu noir qui n’était pas verrouillé, est-il allégué.

« Une enquête [visant le recyclage des produits de la criminalité] nécessite [...] que les policiers aient plus de latitude dans leur travail que lorsque l’objet de l’infraction ou de l’enquête est circonscrit », a plaidé le ministère en avril dans une réponse à la requête en exclusion de la preuve de Scotti.

Dans la requête, ce dernier soutient qu’il n’était pas lui-même visé par l’enquête des policiers qui a mené à la perquisition. Il dit aussi que la perquisition a eu lieu dans un bâtiment commercial qui héberge des entreprises distinctes.

En octobre 2020, peu après une série de perquisitions chez des proches, Seeyomak Salemi Seyfeddin a dit, selon l’affidavit, que «de vendre des véhicules dans le garage de Lamborghini ça ne fonctionne plus».

Le procès de M. Scotti pour possession et mauvais entreposage d’une arme à feu a été fixé pour septembre.


Les allégations dans l’affidavit n’ont pas été prouvées en cour.

Porsche 911 coupé gris 2020
Porsche 911 coupé gris 2020. Photo Porsche

 

Des véhicules de luxe prisés par les criminels
Selon un affidavit d’un policier, de nombreux criminels ont recours à des locations de voiture de luxe.
Vincent Boulanger

Le Hells Angels se serait fait appeler en 2020 par une entreprise de voiture de luxe du nom de Prime Location en rapport avec des retards de paiement sur la location de son véhicule. «D’habitude, vous passez, vous venez payer votre compte, vous payez comptant», lui dit une employée au téléphone. Boulanger aurait gardé un silence, puis lui aurait dit que tout serait arrangé.

Le Hells Angels Vincent Boulanger, photographié en juin 2019. Boulanger est un ancien membre du chapitre de Sherbrooke et maintenant membre du chapitre de Montréal. Photo MAXIME DELAND, AGENCE QMI
Seeyomak Salemi Seyfeddin

«Il conduit des Bentley et des Lamborghini. Il s’achète des Rolex et son entreprise génère 200 000$ par mois», selon une communication interceptée entre sa conjointe et une amie.

Seeyomak Salemi-Seyfeddine
Seeyomak Salemi-Seyfeddine (à l’extrême gauche), arrêté le jeudi 21 avril 2022, dans le cadre d’une opération policière visant une organisation criminelle. Photo Courtoisie
Sidi Ayoub Cherkaoui

L’individu que la police décrit comme un vendeur de crack a été aperçu au volant d’un Mercedes S63 AMG noir en 2020 et 2021. Selon la police, le locataire à long terme du véhicule est la compagnie Imperial Motors dans la ligne de mire des policiers.

Mercedes S63 AMG noir 2020. Photo Mercedes
Guillaume Leblanc

Il a été aperçu au volant d’un Porsche 911 coupé gris avec une immatriculation temporaire, alors qu’il sortait de la compagnie Prime Location. Leblanc est décrit comme un des quatre piliers de la Fratrum FSF, une organisation bien structurée très active dans la vente et distribution de stupéfiants au Québec.

Guillaume Leblanc, un individu relié à la Fratrum FSF, une organisation criminelle, a été aperçu au volant d'un Porsche 911 coupé gris. Photo tirée de Facebook

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