Orphelins avec besoins particuliers
Trente enfants que personne ne veut adopter
Une association se dévoue à trouver des familles pour adopter des enfants à besoins particuliers qui exigent une grande implication
Un triste record de 30 enfants orphelins, dont certains sont encore des bébés, ont été abandonnés au Québec en raison d’un handicap ou de lourds besoins particuliers et n’arrivent pas à se faire adopter.
Née avec les organes inversés, Mimi* aura bientôt un an, mais n’a pas de famille. Dans quelques années, une chirurgie cardiaque déterminera son espérance de vie.
Paolo*, 4 ans, ne parle pas et aura probablement un diagnostic d’autisme. Même s’il a une relation difficile avec la nourriture, il adore la compote et les fruits. Il attend aussi d’être adopté.
L’Association Emmanuel compte présentement 30 enfants comme Mimi et Paolo qui sont à la recherche d’une famille (voir portraits plus bas). Il s’agit du chiffre le plus élevé depuis au moins 10 ans.
« C’est énorme. Il n’y a jamais eu autant d’enfants, réagit Danielle Piché, directrice générale de l’Association. C’est vraiment un don de soi. Les gens qui adoptent des enfants à besoins particuliers ont vraiment la famille dans le cœur. »![]()
ASSOCIATION EMMANUEL
Fondée en 1987, cette unique ressource au Québec a la mission de faire adopter des enfants qui présentent un handicap ou des besoins particuliers. Les profils des enfants sont variés: trisomie, autisme, retard de développement, syndrome alcoolo-fœtal, malformation congénitale, etc. Vous pouvez les joindre en tout temps au 819 314-3444, poste 102 ou à l’adresse intervention@emmanuel.qc.ca.
Sauf quelques rares exceptions, ils sont tous nés au Québec. Certains sont abandonnés à seulement quelques jours de vie et vivent carrément à l’hôpital ou en centre de réadaptation en attendant d’être adoptés. Les autres sont dans une famille d’accueil temporaire.
Les abandons existent
Les raisons derrière les abandons sont aussi diverses: incapacité parentale, toxicomanie, mauvais traitements, etc.
«Pour toutes sortes de raisons, il y a des parents qui ne sont pas capables, confie Mme Piché. La réalité est là.»
Une fillette de trois ans née au Québec qui a un lourd syndrome avait été abandonnée par ses parents d’origine sud-coréenne pour des raisons culturelles.
« Pour eux, dans leur famille, avoir un enfant handicapé apporte la malchance. »![]()
Certains enfants sont classés comme des cas légers, d’autres sont lourds. Présentement, la moyenne d’âge des enfants de l’Association est de quatre ans.
Par rapport aux dernières années, ils sont deux fois plus vieux. Certains sont même des adolescents. Parfois, le délai pour l’adoption atteint deux ans.
«Pour les enfants, on ne veut pas ça. Ça nuit au développement. Plus on les place jeunes, mieux c’est», avoue Mme Piché.
Les enfants sont dirigés vers l’Association par les directions de la protection de la jeunesse (DPJ) à travers le Québec, qui sont responsables des adoptions et qui peinent parfois à trouver des familles. Évidemment, les gens intéressés doivent passer à travers un processus administratif rigoureux pour être admissibles.
Des cas qui peuvent faire peur
«On réussit à en trouver, mais on n’en a pas assez», avoue Cathy Paquet, coordonnatrice des services spécifiques et liés à la stabilité des projets de vie à la DPJ du Centre intégré de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. «Souvent, on voit des personnes qui veulent avoir des enfants très jeunes, des 0-12 mois. C’est sûr que les difficultés des enfants [...], ça peut faire peur. Ce sont des enfants qui ont de grands besoins.»
«Mais on a des belles histoires aussi», jure-t-elle.
Fait à noter, l’Association vise des adoptions permanentes; on ne recherche pas de familles d’accueil temporaires. Récemment, des annonces ont même été publiées sur les réseaux sociaux pour trouver des familles.
« Il faut absolument que la famille soit confortable avec le handicap, parce que l’enfant ne sera pas bien non plus. On veut que les gens aient le portrait clair, qu’ils sachent dans quoi ils embarquent. »
Grâce aux bons soins, des familles adoptives ont constaté que les enfants ont dépassé les objectifs, se réjouit Mme Piché.
«Mais les familles n’aiment pas qu’on leur dise qu’ils sont bons et courageux, parce que ça leur met de la pression», avoue-t-elle.
L’Association Emmanuel fonctionne avec un budget annuel d’environ 170 000$, dont 150 000$ du ministère de la Santé et des Services sociaux.
* Tous les prénoms sont fictifs pour assurer leur confidentialité.
Ils attendent toujours une famille
* Tous les prénoms sont fictifs pour assurer leur confidentialité.
L’ordre de présentation est aléatoire.
Jaco*, 4 ans
Enfant souriant et agréable, le petit Jaco est soupçonné d'avoir un trouble du spectre de l'autisme (niveau 3) et ne parle pas. Il s'attache toutefois aux adultes avec lesquels il se sent en sécurité. N'ayant pas la notion du danger, il doit être surveillé et encadré. Il aimerait avoir une chambre où il pourrait jouer avec ses jouets. Il se réveille parfois la nuit. Ayant des besoins particuliers, il a quelques suivis médicaux: pédiatrie, neurologie, ergothérapie (1-2 fois par semaine), orthophonie et ophtalmologie.
Mimi, 1 an
Née avec les organes inversés, Mimi subira une troisième chirurgie cardiaque à l'âge de 3 ou 4 ans, qui déterminera son espérance de vie. Malgré cela, c'est une fillette aimante, attachante et positive. Elle a un bon développement moteur et socioaffectif, et dort bien la nuit. Elle a plusieurs suivis médicaux essentiels: injection mensuelle d’anticorps, ergothérapie, physiothérapie, cardiologie.
Léo, 4 ans
Le petit Léo est malentendant et non verbal, il porte un appareil auditif. Le petit garçon demande beaucoup de soins et d'amour; il se déplace en fauteuil roulant et a une dysphagie (difficulté à avaler). Sa vision diminue aussi, il pourrait porter des lunettes bientôt. Or, c'est un enfant calme qui reconnaît les voix familières et a beaucoup d’amour à donner.
Aisha, 3 ans et demi
D’origine pakistanaise, Aisha est immunosupprimée, gavée et a un retard de développement. Malgré la liste des défis qui s'allonge (hypertension et hypotonie musculaire), elle garde une joie de vivre et aime être entourée. Elle n'arrive pas à marcher, mais s'assoit sans support, prend ses jouets et a une bonne motricité fine.
Jay, 6 ans
Petit garçon d’origine inuite, Jay a une déficience intellectuelle sévère et est presque aveugle. Il ne parle pas, mais fait des sons. Très attachant, l'enfant se déplace en fauteuil roulant. Il n'est pas gavé, peut désormais manger seul. Or, il lui arrive d'avoir des convulsions. Il aime beaucoup la musique!

Jana, aura bientôt 1 an
Née avec le syndrome de Sotos (croissance excessive, caractéristiques faciales), Jana a possiblement une déficience intellectuelle légère à moyenne. Enfant souriante, elle a un retard de langage, de l'hypotonie (faiblesse musculaire) et des anomalies cardiaques. Pour se nourrir, elle est gavée.
Paolo, 4 ans
Ayant une bonne santé physique, le garçon ne parle pas et est soupçonné d'un trouble du spectre de l’autisme (niveau 3). Il a une relation difficile avec la nourriture, mais adore les fruits et la compote. ll a aussi besoin d'aide pour la motricité fine. L'enfant se réveille plusieurs fois la nuit, mais se calme rapidement grâce à des médicaments. Paolo adore les contacts avec les adultes, les jeux qui s'allument et les Lego.
Ian, 5 mois
Né avec une malformation congénitale de l’oreille externe droite (microtie), Ian a eu un départ un peu difficile dans la vie. Il est suivi en néonatalogie, est gavé et intubé. Mignon petit bébé, il a une légère hypotonie, soit une faiblesse musculaire.
Arthur, 4 ans
Originaire d’Haïti, le petit garçon pourrait recevoir un diagnostic d'autisme (à déterminer). Aux prises avec une hernie ombilicale, il est plus fragile aux grippes, mais a une bonne musculature. Il adore les câlins et les bisous en plus de beaucoup aimer crier et sauter. Il a toutefois besoin d'aide pour la motricité fine comme s'habiller. Il est capable de s'exprimer, mais a tendance à répéter les mots qui viennent d'être prononcés (écholalie).
Milo, 5 ans
Le petit Milo, originaire d’Haïti, a possiblement un trouble de stress post-traumatique en raison d'un parcours traumatisant. Il a aussi un trouble du spectre de l'autisme (niveau 2), mais aucune difficulté au niveau de son développement moteur. Il a besoin d’aide pour manger certains aliments comme de la soupe, mais dort bien et aime bricoler. Il comprend bien les consignes et fait des phrases complètes.

Adèle, 6 mois
Petit bébé adorable, Adèle a possiblement le syndrome Raynaud-Claes, qui peut causer un retard de développement, l’autisme ou une déficience intellectuelle. Elle sursaute lorsqu’on la touche, mais réagit peu ou pas au bruit. Un test d'audition est prévu prochainement. Elle boit aux trois heures.
Victor, 5 ans
Victor a un trouble du spectre de l’autisme (niveau 3) et un retard de développement. Or, il comprend bien les consignes simples et courtes et fait des phrases de quelques mots. Il a besoin d'une routine stable, puisque les transitions sont difficiles. Il aime jouer dehors, a beaucoup d'énergie et a besoin de bouger.
Héloïse, 6 ans
Petite fille au grand potentiel, elle est originaire d'Haïti et commencera sous peu des suivis en orthophonie pour développer ses habiletés langagières. Elle doit prendre des médicaments pour le calcium et la vitamine D. Elle aime beaucoup apprendre et est persévérante. Curieuse, elle s'attache facilement aux adultes.
Alice, bientôt 1 an
Née prématurée à 35 semaines de grossesse, Alice est née avec des orteils particuliers (ils sont croches) et des traits dysmorphiques (mais peu apparents). La fillette remplie d'amour porte une prothèse pour l’aider à ouvrir ses hanches qu’elle porte 18 heures par jour.
Carl, 4 ans
Ayant un trouble du spectre de l’autisme (niveau 3) avec retard de développement, Carl ne parle pas, mais commence à faire des sons. Il a quelques soucis au niveau de l'alimentation, comme de l'anémie sévère et une intolérance aux protéines bovines. Adorable, l'enfant a aussi de la difficulté à manger certaines textures.

Éléna, 8 ans
Ayant un trouble d’attachement sévère en raison de son parcours de vie, Éléna arrive tranquillement à nommer ses émotions. Elle a fait beaucoup de progrès! Ses passe-temps préférés sont la musique, la danse et les jeux de société.
Jules, 2 ans et demi
Soupçonné d'un trouble du spectre de l’autisme et d'un retard de développement, Jules ne parle pas, mais essaie de répéter les mots qu'il entend. Mangeant dans sa chaise haute, il a une alimentation variée et n'est pas difficile. Il dort très bien dans sa bassinette, mais n'apprécie pas l'heure du bain! Enfant souriant et curieux, il est tranquille et facile d'approche.
Janelle, 10 ans
Originaire d’Haïti, la fillette a des difficultés d’attachement et souffre d’urticaire et d’anxiété. Elle vit mal les séparations qui augmentent son sentiment d’abandon. Elle souhaite avoir une famille pour être aimée et soutenue.
Kim, 6 ans
Née avec une macrocéphalie (qui donne une grosse tête), Kim a un trouble du spectre de l’autisme. Elle ne dit que quelques mots et se fait comprendre par des gestes. Elle arrive presque à s'habiller seule, mais n'aime pas l'heure du bain. Elle n'a pas beaucoup d'intérêt pour la nourriture et dort bien la nuit. Câlineuse, ses passe-temps sont le dessin, les casse-têtes, jouer avec des blocs et des figures et jouer dehors.
Matéo, 4 ans
Le petit garçon métis a des difficultés à se faire comprendre, et sera suivi bientôt en orthophonie. Lorsqu'il est en crise ou qu'on lui refuse quelque chose, il urine parfois dans son pantalon. Actif et jovial, il aime être en contact avec les enfants et les adultes.

Bastien, 18 mois
D’origine autochtone, le bambin a une paralysie des cordes vocales du côté gauche. Aussi, son tronc artériel et l’arc aortique sont interrompus (problèmes de flux sanguin). Il est nourri par gavage. Malgré cela, il est fort et se bat tous les jours avec un sourire.
Nadine, 11 ans
La fillette a un déficit de l’attention, une dyspraxie sévère (difficultés de coordination) et un trouble de l’attachement. Aussi épileptique, elle devrait subir prochainement une opération au cerveau pour diminuer les crises. En grandissant, elle s'est améliorée au niveau de l'attachement et développe des liens avec les autres. Elle répète souvent qu’elle aimerait avoir une famille et est peinée de voir les autres enfants quitter le foyer d’accueil.
Katy, 17 ans
Atteinte de trisomie 21, Katy a une déficience intellectuelle sévère, une paralysie cérébrale et un trouble du spectre de l’autisme. Elle fait aussi de l'asthme et est nourrie par gavage. Elle arrive à se déplacer, mais utilise un fauteuil roulant ou une poussette pour les longues distances. Elle est très curieuse et adore la compagnie des personnes aimantes.
Julien, bientôt 1 an
Né prématuré à 36 semaines avec un seul rein, Julien a une malformation congénitale rare d'une valve du cœur (tricuspide). Une opération est à prévoir à long terme, mais il a une condition stable avec médication. C'est un bébé souriant qui aime les interactions avec les autres. Il a des suivis médicaux: cardiologie, physiothérapie, pédiatrie et nutritionniste.
Luc, 2 ans
L'enfant porte un appareil auditif, car il a une surdité partielle d’une oreille. C'est un enfant attachant qui recherche le contact avec l’adulte et aime les activités.

Nora, 3 ans
Née avec le syndrome d’alcoolisme fœtal, la fillette a du mal à comprendre les consignes. Elle aime imiter les gens en raison de son retard de compréhension. Elle a aussi un retard de langage, mais prononce quelques mots. Elle mange avec ses mains et s'amuse avec ses amis à la garderie.
Marco, 11 ans
Atteint d'un trouble du spectre de l’autisme, Marco ne parle pas et communique avec des pictogrammes. Il a une bonne motricité et s'alimente seul. Or, il est un peu cascadeur, n’a pas peur du danger et a besoin d’être surveillé. Il va à l'école une demi-journée par semaine. Il aime prendre des bains avec des bulles, mais résiste à la coupe d’ongles. Il a des suivis médicaux en neuromusculaire (tous les 2 ans) et en pédopsychiatrie.
Kelly, 3 ans
D’origine autochtone, la fillette a un trouble du spectre de l’autisme (niveau inconnu) et un retard de développement. Elle dit seulement quelques mots et pointe du doigt pour demander ce qu'elle veut. Elle devient impatiente quand elle n'est pas comprise. Elle sait déjà compter jusqu'à 10, aime jouer au ballon, dans le sable et dans l’herbe. Elle aime faire des câlins aux gens à qui elle s’attache. L'enfant se réveille fréquemment la nuit et a des défis pour l’hygiène.
Gabriel, 4 ans
D'origine inuite, Gabriel a une déficience intellectuelle et ne parle pas. Il n'a pas non plus de contact visuel. Il marche et court. Le garçon reconnaît de plus en plus son nom et est content quand on l’appelle. Il ne ressent pas la faim. Il n’a pas conscience du danger; il a donc besoin de surveillance et d'encadrement. L'enfant a aussi plusieurs suivis médicaux: ergothérapie, physiothérapie, orthophonie, néphrologie, cardiologie, audiologie.
Jean, 7 ans
Jean a un retard sévère de développement avec déficience intellectuelle. Il parle peu et s’exprime avec des pictogrammes. Il ne sait pas lire ou écrire et est en classe adaptée. Il y a eu beaucoup de changements de personnel dans son milieu de vie, ce qui a suscité des enjeux d'attachement. Il se déplace avec un fauteuil roulant, donc la famille devra avoir un véhicule adapté. C'est un enfant souriant avec une joie de vivre. Suivi médical: ergothérapie.



